1. |
Caissier Concierge 1
01:41
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J’ai été caissier, concierge
J’ai été caissier, concierge
J’ai été caissier, concierge
En tant que concierge
Je rêvais le jour
D’être avalé par le poisson
Dans mon sceau d’eau
Réfugié de la violence
De la confrontation du vide
Préoccupé par ma survie
Et paresseux d’envergure
D’y rester enfermé
Des jours et des nuits
En me nourrissant
Des déchets humains
Jusqu’à les voir
Comme une petite attention
Un cadeau, une offrande
Un sacrifice à mes efforts
Quand j’étais caissier
Je m’imaginais
Lapidé par la monnaie
Qu’on me lançait
Et toutes les saletés
Invisibles à l’œil nu
Qui grandissaient pour
Posséder ma peau
La terre des ongles
Le sang des draps
Le gras des frites
Le cendrier
Le sperme du chroniqueur
Qui achetait son magazine
L’ADN à conviction
Le coupable au large
À mon enterrement
On me couronnera
D’une voix solennelle
Priez, enfants!
Pleurez devant
Le plus grand caissier concierge
Aussi brillant
Que tous les planchers
Qu’il a essuyés
Et que le Conseil des Arts
Et tous les refus
Qu’il lui a fait essuyer
Rassemblons-nous
Une dernière fois
Pour le plus illustre inconnu
Pour le plus grand
Caissier concierge
Le plus grand caissier concierge
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2. |
J'essaie encore
04:56
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C’est une nuit comme les autres
Qui s’étendent longtemps
C’est ma faute, c’est pas faux
Bon…
Le désordre au milieu
D’une dernière cigarette
Le souvenir de la fête
Mais y avait pas de fête
Dehors il pleut des cordes
Pour monter jusqu’au ciel
Quand on trouve la vie belle
Certains se pendent avec
Toutes mes raisons se moquent de moi
J’ai mille maisons, je n’ai qu’un toit
J’ai peur de m’endormir
Agacé ou furieux
Le lit grince comme mes dents
Repos épuisant
L’appartement a cent ans
On a fêté ensemble
Avec quelques fantômes
Le nouvel an
Quitte à perdre du temps
J’imagine le nombre
De morts sordides dedans
Combien d’revenants, combien d’revenants?
J’étais comme ça, enfant
J’ai jamais dormi en paix
J’imaginais un grand aigle
Qui volait ma lune
Et moi j’étais trop faible
Pour me pendre à ses plumes
Prendre place, prendre corps
J’essaie encore
Cette nuit j’écris une lettre
Mentalement
À Vous voleuse de rêves
Bon…
Le doigt sur ma détente
Vous êtes cruelle
Je vous tue quand j’invente
C’est un crime inutile
Et la raison se moque de moi
J’ai mille maisons, je n’ai que toi
La radio me conseille
Elle me dit de partir
Aux pays sans sommeil
Mais j’sais pas, j’veux pas mourir
Quelqu’un allume un cierge
Incendie la forêt vierge
Des enfances de quinze minutes
Qui finissent comme elles débutent
J’étais comme ça, enfant
J’ai jamais dormi en paix
J’imaginais un grand aigle
Qui volait ma lune
Et moi j’étais trop faible
Pour me pendre à ses plumes
J’étais comme ça, enfant
J’ai jamais dormi en paix
J’implorais le grand aigle
De percer mon œil ouvert
Enfin devenir aveugle
Arrêter d’être en colère
Prendre place, prendre corps
J’essaie encore
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3. |
Chez toi comme chez moi
04:31
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La rivière me dira
Si tu veux encore de moi
Elle se souvient de toi
Même si t’es jamais allée
J’ai tracé notre histoire
Au creux de son courant
D’un courant trop fort
Pour se séparer
La lune est la même
Chez toi comme chez moi
Elle sait si tu m’aimes
Et si tu m’as pleuré
À travers les lacs, les montagnes, les vallées
Elle sait mieux que moi
Si je dois te quitter
La forêt est reine
Elle nous survivra
Quand les flammes parviennent
À atteindre son coeur
Elle revient toujours
Avec des nouvelles fleurs
Elle est plus forte que nous
Si l’on veut se quitter
La tempête s’amène
Je sais même pas
Si je veux qu’elle m’atteigne
Si je rentre chez moi
Ou si je reste ici,
Assis sur ce rocher
Indécis entre mon amour
Et ta liberté
Si j’finis noyé
La tempête s’amène
Je veux qu’elle m’atteigne
La tempête s’amène
Je veux qu’elle m’atteigne
Et si j’en reviens
Je veux qu’elle reprenne
La tempête s’amène
Quand un gars quelque part
Ramassé par hasard
Te prend dans ses bras
Calme ton cauchemar
Et t’éloigne de moi
La tempête s’amène
La rivière m’appelle
Dans son reflet cruel
Les montagnes complices
La lune paie cash
Et la forêt me cache
La tempête s’amène
Ben qu’a fasse sa job
Qu’a fuck le globe
Pour inverser les pôles
Jusqu’à c’que tu reviennes
Pleurer sur mon épaule
La tempête s’amène
Chez toi comme chez moi
La tempête s’amène
Chez toi comme chez moi
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4. |
Les bons sentiments
03:19
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C’est une rupture qui a semé le premier doute
Fissuré l’écorce
Avant ça, j’étais cocky
Je suivais l’autorité de ma queue
Je respectais ni l’art, ni la lutte, ni les femmes
J’étais convaincu d’être un poète, un prodige
Avec mes chansons de bons sentiments
Ça marchait pas, évidemment
Mais j’étais mon meilleur public
Moi le bum bourgeois,
Le bum de bonne famille
Pas celui qu’on admire parce qu’il se bat
Celui qui part la bataille pis qui s’enfuit
Par une rupture, donc
Qui m’a fait boire des étés complets
À regarder mon ventre grossir
Et les filles que je méprisais
Qui me méprisaient à leur tour
J’ai appris le respect
Par la vitre de mon travail
À regarder la rue défiler
Pleine à craquer
La rue qui me faisait peur
À moi et mes bons sentiments
Du travail, des fardeaux, j’en ai chié par la suite
J’ai accepté de compter du cash dans une banque
Parce que ça faisait deux mois que ma carte était pleine
J’ai compté 10 millions, cash, j’en ai fait deux mille
En deux mois, de nuit, à temps plein
Avec des collègues qui voulaient grimper les échelons
Pour qui un syndicat c’est du communisme
Ça fait peur de s’associer, ça brise le cadre
Moi j’avais p’us peur mais j’avais pas le courage
J’ai été caissier, concierge, j’ai travaillé dans une dompe
Où on entend les jobbers dans leur royaume
Siffler entre leurs deux dents tout ce qui porte un cul
Ça a forgé mon caractère, ça m’a fait comprendre
À quel point les hommes entrent dans le monde
Avec leurs souliers sales
Pour dire « C’est à moi! »
Et pour tout gâcher
À ce moment-là j’écrivais pas beaucoup
J’étais trop occupé à penser à écrire
À attendre qu’on m’appelle pour puncher
Des fois deux semaines sans téléphone
La conciergerie, c’est contingenté
Pis j’en ai eu assez de servir
Pour que les autres se servent
De la sueur sur mon front
De ma capacité à accomplir un ordre
J’ai préféré m’enfermer dans le code du travail
Pour avoir une fonction
Parce que j’haïssais les patrons
Pis que le vide m’effrayait
Pis quand j’étais cocky
Je quittais le vide pour un autre vide
Mais torcher les chiottes à la place Ville-Marie
Ça remet les choses en perspective
Maintenant je sais plus trop
Si j’ai le courage, le talent
J’ai laissé les bons sentiments
Dans une chiotte au troisième
Et je n’attends plus rien
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5. |
Le concret
04:04
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Tu auras pour messagers
Tous les pigeons des poubelles
Comme des missiles de missives
Saturées de ratures
À tes pieds, tous les chiens
Chiens sauvages, chiens battus
Pour lécher tes blessures
Éloigner la solitude
Des remparts invisibles
Contre le concret
Tu inventeras une montagne
Une île ou un archipel
Avec des hommes-crocodiles
Équipés contre le spleen
Un pays des merveilles
Avec des montagnes russes
Qui montent juste assez haut
Pour enculer le soleil
Des remparts invisibles
Contre le concret
Ressusciter Allende
Une vraie révolution
Qui n'est pas scrappée
Par les États-Unis
Comme du vin de deux-mille ans
Le sang des possédants
Versé à la coupe
Des pays libérés
Des remparts invisibles
Contre le concret
Tu protègeras ton royaume
Le plus longtemps possible
Des regards imperméables
À la beauté du monde
De tous les one-man-show
Des preachers quotidiens
Des carrières de rien
Le confort, le cachot
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6. |
Un abri
03:49
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Je porte en moi un abri
Un petit abri
Une fleur d'insomnie
Un abri où on ne meurt jamais
Où pleure le vent mauvais
De ne pas être un pays
Je porte en moi un abri
Où la nostalgie engendre
L’amour de chaque seconde
Un abri d’immenses vagues et montagnes
Qui ne font que monter
Sans creux ni vallée
Je porte en moi un abri
Où je me cache la nuit
Je ferme les yeux et j'écris
Je le sens dans mon ventre qui grandit
Qui me cherche et me suit
Comme on suit un ami
Je porte en moi un abri
Où on peut être anormal
Sans dormir à l’hôpital
Un abri si impossible qu'il m'effraie
Et certains soirs je voudrais
L’engloutir dans l’ennui
Quand je me lève trop tôt
Conditionné par le cri du réveil
Pour vomir mon déjeuner
Je porte en moi un abri
J’encaisse les coups
Quand je traîne mes souliers troués
Sur les flaques d’eau qui s’y faufilent
Dans le labyrinthe des klaxons
Je porte en moi un abri
J’encaisse les coups
Quand j’imprime mon temps sur une carte
Comme le fer à blanc sur la peau d’un animal
L’épaule à la roue du productivisme
Je porte en moi un abri
J’encaisse les coups
Quand tu pars parce que je t’ennuie
Avec mon échine courbée de faux insoumis
Mes aboiements peureux et ma morsure trop douce
Je porte en moi un abri
J’encaisse les coups
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7. |
Caissier Concierge 2
03:06
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À mon enterrement
On me couronnera
D’une voix solennelle
Priez, enfants
Pleurez devant
Le plus grand caissier concierge
Tu verras, fiston
Que ton papa
Était un homme exceptionnel
Presque aussi grand que toi
Le plus grand caissier concierge
Et qu’il aimait ta maman
Et qu’il la trouvait belle
Et qu’il méritait pas les poubelles
Le plus grand caissier concierge
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